15 C
Antananarivo
mardi 30 mai 2023
$0

Vous n'avez pas encore sélectionné de publication à télécharger.

Joseph Ravoahangy-Andrianavalona : un destin inachevé

AutresJoseph Ravoahangy-Andrianavalona : un destin inachevé

Qu’aurait été le mouvement VVS (Vy Vato Sakelika) s’il n’avait pas été démantelé en 1915 ? La grande manifestation de rue du 13 mai 1929 aurait-elle pu dégénérer en «crise de régime» ? Fallait-il profiter de l’opération britannique Ironclad pour chasser l’occupant français dès 1942 ? Qu’aurait pu devenir le MDRM (Mouvement démocratique de la rénovation malgache) s’il n’avait pas été dissout après le 29 mars 1947 ? 

Derrière chaque hypothèse, la question du destin manqué de Joseph Ravoahangy-Andrianavalona (1893-1970). Les livres d’histoire retiendront qu’il fut élu à la première Constituante, le 18 novembre 1945, contre le pasteur Ravelojaona, son ancien mentor en risorgimento patriotique.

Le 2 juin 1946, Ravoahangy était réélu à 90% à la seconde Constituante. Il accompagna le rapatriement, en juillet 1946, des tirailleurs malgaches, oubliés en France depuis la fin de la seconde guerre mondiale. À Madagascar, la suppression du travail forcé provoquait alors une crise de main-d’œuvre. En août 1946, Marcel de Coppet se résolut à solliciter Ravoahangy pour convaincre les travailleurs de rejoindre les chantiers et les ports. À cette occasion, il effectua une tournée de l’île à bord de l’avion du Haut-commissaire de la République française. Cet évènement créa nécessairement une confusion auprès de populations sans instruction ni informations : «Ravoahangy avait-il donc remplacé de Coppet ?»  Le 10 novembre 1946, l’élection de Ravoahangy à la première législature de la 4e République française fut un plébiscite : 44 701 voix contre
5 718 à son suivant immédiat. 

Le docteur Joseph Ravoahangy-Andrianavalona était alors à l’apogée de sa popularité. Si l’insurrection du 29 mars 1947 était une machination, elle tiendrait du génie pour faire passer un adversaire politique du Capitole à la roche Tarpéienne, en moins de six mois. Ravoahangy est arrêté début avril 1947. Son immunité parlementaire est levée en août ouvrant la voie au procès dit des parlementaires : du 22 juillet au 4 octobre 1948. 

Sa condamnation à mort, la «commutation» de la peine en réclusion à perpétuité (juillet 1949), le lobbying jusqu’à sa libération (mars 1956), paraissent finalement anecdotiques quand on songe que le vrai coup mortel lui a été porté en avril 1947. Éloigné de Madagascar jusqu’en juillet 1960, Ravoahangy sortit des radars. Son retour au pays fut opportunément programmé pour seulement après le 26 juin 1960. Député et Ministre d’un régime dont les dirigeants étaient farouchement opposés à sa proposition de loi du 21 mars 1946, demandant pour Madagascar le statut d’État libre (dans l’Union française), sa réapparition flouta son ancienne image. 

Vanf

Articles les plus populaires

Politika 30

Au sommaire EDITORIAUX Péril « jeunes » Quand David (ren)contre Goliath  POLITIQUE Motion de censure : les...

Élections : le tonneau des Danaïdes

Nous attendons des élections une amélioration de l’offre politique. Pourtant, l’histoire récente de Madagascar présente un tableau dégradé que l’on peut résumer ainsi : l’irruption d’un leader sans parti, le poids démesuré de l’argent et le désenchantement des électeurs.

Quand David (ren)contre Goliath 

David, le petit berger, ne s’occupe pas de la grande politique. Il s’occupe de son petit troupeau de moutons. Il prend soin de son cheptel. Il se concentre sur les petites choses et se contente de peu dans la vie.

Non, Andriamanelo n’a pas inventé le fer

Pour cette année 2023, la FES ainsi que la rédaction de Politikà vous proposent de (re)découvrir les illustres personnages qui ont façonné la grande histoire de Madagascar.

Siméon Rajaona : le paradigme de la « voie moyenne »

Pour cette année 2023, la FES ainsi que la rédaction de Politikà vous proposent de (re)découvrir les illustres personnages qui ont façonné la grande histoire de Madagascar.

Raombana et Rahaniraka : les jumeaux Itotozy et Ivoalavo

Pour cette année 2023, la FES ainsi que la rédaction de Politikà vous proposent de (re)découvrir les illustres personnages qui ont façonné la grande histoire de Madagascar.

Dr Césaire Rabenoro, l’architecte d’un véritable plan de développement

L’Académie nationale des Arts, des Lettres et des Sciences, qui a célébré son 120e anniversaire l’an passé, a rendu un hommage au Dr Césaire Rabenoro (1923-2002), son président de 1973 à 2002. À l’heure où l’administration peine à boucler son plan de développement, l’illustre grand commis de l’État était à l’origine d’un plan de développement ambitieux durant la première République qui a mené la Grande île dans une relative prospérité.

Interview croisée de Bao Razafimahefa et de Lucien Razafindrakoto

0
Pourquoi les systèmes de sécurité sociale obligatoires peinent-ils à s’imposer à Madagascar ? Bao Razafimahefa (B.R.) : L’article 19 de la Constitution garantit le droit à la...

Ambohitriniandriana, au passé composé

0
Avant Ikongo, avant Iabohaza, un drame d’une ampleur inédite avait frappé le cœur de la société Malgache. La vie des habitants du fokontany d’Anosikely, de la commune rurale d’Ambolotarakely, dans le district d’Ankazobe, région Analamanga, sera à jamais bouleversée par une attaque sans précédent. Aujourd’hui, leur vie est rythmée par la peur et l’inquiétude. Récit.

Interview du Professeur Holimalala Randriamanampisoa : « L’inflation frappe l’économie dans son ensemble, des ménages...

0
Les pays les moins avancés, comme la Grande île, subissent de plein fouet les effets de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ainsi que ceux d’une relance post-Covid brutale. La responsable de la mention économie à l’université d’Antananarivo nous explique les mécanismes de cette inflation qui atteint sévèrement les ménages.

Lire nos parutions en ligne

Suivez-nous sur

AccueilAutresJoseph Ravoahangy-Andrianavalona : un destin inachevé