«Les autorités chinoises recherchent un rapprochement avec les élites politiques via diverses rencontres destinées à illustrer des “liens d’amitié” et l’“engagement vers un avenir commun”, selon la rhétorique de Pékin. Au cours de la dernière décennie, une diplomatie des forums et plusieurs visites officielles de part et d’autre ont eu lieu à des moments clés. Des représentants chinois se sont relayés à Madagascar notamment au lendemain de l’élection présidentielle de 2013 avec une visite du vice-ministre des Affaires étrangères en février 2014 en signe de reconnaissance du pouvoir nouvellement élu. Dans le cadre de l’adhésion de Madagascar à l’Initiative des routes de la soie, le ministre chinois des Affaires étrangères s’est rendu à Madagascar en janvier 2017, puis le président Rajaonarimampianina s’est rendu en mars 2017 en Chine.
À l’issue de l’élection présidentielle de 2018 eut lieu une visite de la vice-première ministre chinoise en novembre 2019. On notera toutefois que Madagascar n’a pas bénéficié en janvier 2022 de la visite du ministre des Affaires étrangères Wang Yi à l’occasion de sa tournée en Afrique de l’Est et dans l’océan Indien : seuls le Kenya, l’Érythrée, les Comores, les Maldives et Sri Lanka l’ont accueilli. En mai 2021, le président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale s’est entretenu par téléconférence avec la présidente du Parlement malgache pour jeter les bases d’une coopération entre les deux organes législatifs.
Le Parti communiste chinois (PCC), outre son rôle en matière de conception de la politique étrangère, fait aussi partie du dispositif diplomatique de la Chine. À l’occasion du 100e anniversaire du PCC, le parti présidentiel Mapar/IRD a participé, en juillet 2021, au sommet du Parti communiste chinois et des partis politiques mondiaux. Cet anniversaire fut l’occasion pour l’ambassade de Chine à Madagascar de mener une politique active de communication. Il a été ainsi fait état de la conception chinoise en matière de démocratie mettant en avant le respect de la souveraineté nationale et la non-ingérence guidant l’action de la Chine en matière de relations internationales.
La promotion du modèle de “démocratie autoritaire” qui conjugue présidentialisme exacerbé, leadership d’un parti ultradominant, surveillance étatique, contrôle social et capitalisme d’État rencontre un écho favorable auprès des politiques malgaches. Ceci s’inscrit sans surprise dans le rapprochement entre pays émergents autoritaires et pays africains sur la pente de l’autoritarisme, cherchant des contrepoids aux pressions du Nord. La politique de coopération plurisectorielle a été progressivement renforcée. Des Instituts Confucius ont été mis en place auprès des universités publiques notamment de celles de la capitale, Antananarivo (2008), de la principale ville du centre du pays Fianarantsoa (2010) et du premier port du pays, Tamatave (2014) ».
François Giovalucchi et Juvence Ramasy in La Chine à Madagascar Entre opportunisme politique discret et trafics intenses