Est et apportant de nouvelles techniques (riziculture irriguée) et de nouvelles conceptions de l’État (fanjakana arindra), s’est réalisée aux XIIIe et XIVe siècles. La mythologie des Hautes terres a symbolisé cette migration dans la figure des géants Rapeto et Rasoalao, comme la grande migration le long du littoral oriental fut incarnée dans la légende des géants Darafify et Darafely. La tradition orale a gravé la mémoire de cette innovation par l’histoire du mariage de la Vazimba Rafohy d’Alasora avec un étranger, Ramanalimanjaka, père d’Andriamanelo, héros civilisateur auquel les traditions merina attribuent plusieurs inventions (XVIe siècle).
Les traditions orales consignées du Tantara Ny Andriana ne sont pas à prendre au pied de chaque lettre. On y lit que « c’est en Amoronkay que le fer fut découvert/travaillé, dans l’Est, à l’époque d’Andriamanelo. Et que c’est à Ambatolevy (littéralement : le lieu du fer) qu’il fut découvert/travaillé dans l’Ouest2 (TA, 70). Ou encore que, c’est sous Andriamanelo qu’on employa le fer pour fabriquer les sagaies3 (TA, 67) dont il se servit pour vaincre les Vazimba4 (TA, 70) ».
L’archéologie permet cependant d’établir qu’Andriamanelo n’a pas inventé le fer. Dans le nom du grand ancêtre légendaire, Rapeto, les linguistes ont reconnu le mot swahili mapeto qui désigne le fer des anneaux d’un captif, indiquant une possible activité de traite. Les premiers Austronésiens ont introduit quatre plantes : le riz, la grande igname, le cocotier et le safran d’Inde. Ils connaissaient également la métallurgie, introduite en Asie du Sud-est continentale (Thaïlande) aux IIIe-IVe siècles ap. J.-C.
En 1154, le géographe arabe Idrisi rapporte les voyages de Comoriens et de Malgaches sur la côte Est africaine pour y chercher du fer pour l’exporter jusqu’en Inde et en ramener chez eux. Aux Comores, à Dembeni, des fours métallurgiques du XIe siècle présentent des caractères austronésiens. Sur la côte Est, au Sud de la baie d’Antongil, les habitants de la vallée de la rivière Mananara coulaient le fer et le forgeaient aux VIIIe-XIIe siècles.
En malgache, firaka (du malais perak) désigne, non pas l’argent, mais l’étain ou le plomb. Sans doute parce que le terme a été introduit aux XIVe et XVe siècles, à une époque où l’Asie du Sud-est insulaire fabriquait de la monnaie en un alliage d’étain, de cuivre et de plomb. Mahilaka, port de la côte Nord-ouest, est considérée comme la première ville à Madagascar avec ses 70 hectares de superficie (du IXe au XVe siècle). Ses habitants, provenant des Comores et de l’Afrique de l’Est, y pratiquaient le travail du fer, du chloritoschiste et du quartz. Enfin, à Fanongoavana, ancien village fortifié de l’Est de l’Imerina, datant des XIVe-XVe siècles et lieu de sépulture de l’ancêtre vazimba fondateur, Andrianamponga (le prince du riz, du swahili mpunga) montre une activité de métallurgie.
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