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La pêche, la tête sous l’eau

EconomieLa pêche, la tête sous l’eau

L’île de Nosy Be est reconnue pour son écosystème marin extraordinaire. Outre le tourisme qui est la première source de revenus de la population locale, l’Île aux parfums figure parmi les zones stratégiques en termes de pêche, avec une production annuelle de 18 millions de tonnes en 2019 réalisée par quelque 20 000 pêcheurs. Des menaces planent pourtant sur cette voie potentielle de développement, à cause du changement climatique.

Au niveau des écosystèmes marins, l’impact du changement climatique est déjà une réalité. « La température de la mer augmente progressivement chaque année, ce qui entraîne la migration des poissons vers d’autres habitats éloignés du littoral », rapporte Dr Aly Bachiry Adouhouri, chercheur au sein du Centre national de recherche océanographique.

La plupart des coraux du récif de Nosy Be connaissent un blanchiment pouvant entraîner une érosion marine. Le nord de la Grande île subit de plein fouet les effets dévastateurs du changement climatique jusqu’à un  risque d’épuisement de stocks.

Réchauffement des océans

Le phénomène observé à Nosy Be n’est que l’illustration de la situation à Madagascar en termes d’effets du changement climatique. Le réchauffement de 0,6°C des océans affecte déjà tout l’écosystème, depuis les régions polaires jusqu’aux régions tropicales. Cela conduit des groupes entiers d’espèces comme les planctons, les poissons, les tortues et les oiseaux de mer à remonter de 10 degrés de latitude vers les pôles.

Cette interdépendance entraîne la perte des aires de reproduction pour des milliers d’espèces non seulement aquatiques, mais aussi terrestres, affectant ainsi leurs chances de reproduction, en détruisant l’habitat des poissons et en les poussant à se déplacer vers des eaux plus froides. De plus, le réchauffement des océans entraînerait une augmentation des maladies, car les agents pathogènes (notamment la bactérie porteuse du choléra et certaines proliférations des algues responsables de maladies neurologiques comme la ciguatera) se diffusent plus facilement dans des eaux plus chaudes.

Il importe de rappeler que dans cette lutte contre le changement climatique, l’étroite collaboration entre les diverses institutions actrices et les populations directement concernées est essentielle. Certes, la volonté politique des dirigeants, les financements des bailleurs et les études des chercheurs sont indispensables, mais ces efforts seront vains si la considération et l’implication des communautés locales sont absentes.

« L’État mène de front des activités stratégiques pour faire face aux effets du changement climatique, soutient Fridel, chef de circonscription de la Pêche et de l’Économie bleue à Nosy Be. (Il a engagé des actions) telles que la restauration des écosystèmes mangroves par des campagnes de reboisement de palétuviers, l’implantation des coraux, la mise en place de dispositifs de concentration de poissons, la dispensation de formation en activités génératrices de revenus comme l’algoculture, la pisciculture, l’halioticulture… ».

Plan d’aménagement

Le réchauffement des océans peut aussi entraîner une réduction des prises dans les régions tropicales. Les pêcheurs peinent à trouver des poissons en ce moment et les anciennes techniques de pêche ne sont plus adaptées. À Madagascar, la pêche fait vivre près de
1,5 million d’habitants le long du littoral. Les pêcheurs font partie des communautés les plus vulnérables et les plus marginalisées du pays, la majorité d’entre eux ne possédant aucune autre source de revenus.

Roger Joma est le président d’une fédération des pêcheurs qui rassemble 88 associations et plus de 7 000 pêcheurs officiellement enregistrés au niveau de la région Diana. Cette région a été identifiée par le projet Swiofish1 comme étant «ultra prioritaire» et, à cet effet, un plan d’aménagement des pêcheries a été établi. Elle couvre les baies d’Ambaro, d’Ampasindava, Tsimipaika et l’archipel de Nosy Be (Batan).

«Les pêcheurs ont pu bénéficier de formations en techniques de pêche pour améliorer leurs sources de subsistance et s’adapter aux effets du changement climatique. Les membres se réunissent périodiquement pour échanger sur leurs problèmes, se partager les responsabilités, notamment en matière de respect de la réglementation locale de pêche et de surveillance des zones de pêche», conclut Roger  Joma.  

Cet article est un compte rendu du voyage d’études effectué par la XVIIIème promotion du Youth Leadership Training Program (YLTP), une initiative de la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) à Madagascar, dans la région Diana (Nosy Be). Sa production entre dans le cadre de cette formation.

Ny Aro Andriamiarosoa, Tojo Andrianirina, Sarah Andrianjatovo, Tendry Miarisoa Raminovoaharimalala, Falimahenintsoa Ramananjato, Nathassa Razafiarisoa, Sariaka Falianja Manoarivelo, Joachim Ravolaharimanana et Rojombola Randriamahavalisoa

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