Baomiavotse Vahinala Raharinirina, la directrice du cabinet civil de la présidence de la République croit dur comme fer à la relance du secteur textile et surtout à de nouveaux investissements dans la filière pour Madagascar. Durant une rencontre avec la presse, elle a estimé qu’entre «30000 et 60000 emplois pourraient être créés dans le secteur en moins de six mois ».
L’objectif est ambitieux et le contexte national peut tempérer les ardeurs des investisseurs potentiels. Les préalables sont loin d’être remplis pour attirer de nouveaux investissements à Madagascar. Les infrastructures peinent à répondre aux besoins d’une industrialisation massive, l’énergie est encore défaillante, par exemple. Même le rôle des zones franches et leurs perspectives d’évolution suscitent régulièrement le débat, alors qu’elles constituent le fer de lance pour Madagascar qui veut s’appuyer sur une stratégie d’industrialisation axée sur la promotion des exportations et l’intégration à l’économie mondiale. «Madagascar est visible. (La Grande île) peut potentiellement devenir un leader dans le secteur. Il faut mettre en place des stratégies pour y arriver», affirme la directrice du cabinet civil de la présidence de la République.
«Les principaux éléments qui incitent les opérateurs économiques étrangers et nationaux à implanter des entreprises franches à Madagascar sont le faible coût de la main-d’œuvre et son niveau de qualification relativement bon, la disponibilité des matières premières, les dispositions législatives et réglementaires favorables. En revanche, un certain nombre d’obstacles sont invoqués, comme le coût élevé des facteurs (électricité, communication, loyer industriel, etc.), l’instabilité politique, la corruption, l’insécurité », notent Noro Lalao Rahoeliarijaona et Heriniaina Ramanitrarivo, auteurs de L’enquête sur l’industrie du textile-habillement-cuir.
Attirer de nouveaux investisseurs dans le secteur textile et habillement relève de la gageure pour le moment, même si la réputation de la Grande île n’est plus à faire. Lors d’un dialogue public privé organisé par l’Economic development board of Madagascar (EDBM), l’Agence nationale de promotion des investissements (API), l’administration, par le biais du ministère de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation (Micc), s’est engagée à «déployer les efforts nécessaires pour maintenir les avantages fiscaux à l’exportation et à développer des incitations fiscales pour les ateliers de sous-traitance notamment pour l’acquisition de matériels». De son côté, le secteur privé s’est engagé à développer la base productive. Le véritable enjeu est de développer des emplois durables avec des conditions de travail décentes. « Les chefs d’État ou les leaders qui peuvent être des modèles pour l’Afrique et qui peu- vent emmener leur pays dans le sillage du développement de l’industrialisation et ce, de manière durable, ont été mis en avant”, rappelle Baomiavotse Vahinala Raharinirina. À en croire la directrice du cabinet civil de la présidence de la République, le chef de l’État est pleinement conscient des engagements nécessaires à l’industrialisation. “L’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) leur enjoint de prendre davantage de responsabilités et d’engagement (à travers la désignation en tant que champion de l’industrialisation) », note-t-elle.