« J’avais 18 ans à l’époque et j’étais en classe de seconde. On m’avait élu délégué de classe et je représentai le lycée Gallieni dans le comité que les étudiants avaient formé dans le cadre du mouvement. Notre revendication reposait sur la malgachisation. Au lycée, j’étais vexé par le fait que l’ensemble de l’enseignement dispensé l’ait été dans la langue de Molière, alors que la plupart de mes camarades de classe français n’étaient pas obligé d’assister aux quatre heures de malgache par semaine. Ils avaient quartier libre. Les parents de ces élèves étaient pour la plupart des militaires ou des enseignants. La plupart des colons travaillaient dans les provinces pour prendre certaines responsabilités politico-économiques.
Je ressentais le besoin d’une révolution, sans aucune manipulation. J’approuvai les revendications formulées. La victoire de Philibert Tsiranana aux élections de 1972 était, selon moi, la goutte d’eau qui a fait déborder la vase. Il y avait eu un meeting qui s’est déroulé à Alarobia. Je me souviens de cet épisode en particulier, le ministre de l’Éducation, Laurent Botokeky, avait été envoyé en émissaire par Tsiranana.
Face à lui, il y avait Ralay Hubert, le porte-parole des étudiants. Les requêtes étaient simples. Personne n’avait demandé une révolution socialiste. Ralay était un ingénieur agronome et faisait partie du Monima. Ce n’était qu’avec du recul que nous avons constaté que le Monima était derrière ce mouvement. Il faisait suite à l’assassinat de plusieurs de ses membres à Androy en 1971. »
Propos recueillis par Van-Lee Behaja