En matière de reboisement, quelle est la politique mise en œuvre dans la Grande île ?
Valisoa Harinala (V.H.) : Par le biais de la vision de Durban, la tendance est actuellement d’opter pour la conservation à travers la multiplication de la superficie des aires protégées. Il faut savoir que les orientations évoluent et fluctuent. Parfois, la reforestation est laissée de côté au profit de la conservation. Depuis 2015, l’initiative Afr100 est mise en œuvre. Elle répond au mandat de l’Union africaine consistant, entre autres, à restaurer au moins 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030, conformément à la déclaration politique approuvée par l’Union africaine en octobre 2015 pour la création de l’Initiative africaine pour des paysages résilients (en anglais Africa resilient landscapes initiative – Alri).
Elle complète le Plan d’action pour les paysages africains (Alap) et le programme plus large de l’Union africaine pour le changement climatique, la biodiversité et la dégradation des terres (LDBA). Les directives nationales malgaches en découlent, par exemple celles du reboisement qui se déclinent en une orientation stratégique pour les entités de mise en œuvre : secteur privé, Organisation non gouvernementale (ONG) … De mon point de vue, nous avons tous les éléments nécessaires pour aboutir au “reverdissement” de Madagascar.
Comment appréciez-vous les diverses initiatives de reboisement?
V.H. : Il est regrettable de constater que, parfois, ce sont les campagnes massives médiatisées qui sont valorisées lors des reboisements et non pas l’acte en lui-même. Combien de fois avons-nous constaté que les reboisements faisaient l’objet de tam-tam médiatique d’envergure, mais quand le suivi est effectué, quelques semaines ou quelques mois après, le taux de réussite est très faible ?
De quel côté se situent les responsabilités dans les échecs des campagnes de reboisement successives?
V.H. : Il y a eu des erreurs d’approche. Souvent, l’esprit selon lequel elles ont été menées n’était pas idéal. Il est devenu important que durant les séances de reboisement les médias soient présents. Il est toujours consigné dans les rapports que tel organisme a planté tels arbustes. C’est l’acte qui est valorisé non pas les impacts. La vulgarisation des techniques peut faire défaut – par exemple, la manière de mise en terre du jeune plan – mais ce n’est pas la raison principale de l’échec des reboisements.
Il faut considérer rigoureusement un ensemble de processus pour qu’un reboisement soit réussi depuis le plan, les préparations techniques de collecte de graines – qui doivent être sélectionnées de manière rigoureuse – aux études adaptées à l’“éco-région”. Parfois, certaines espèces considérées comme invasives sont utiles pour une localité donnée.
Pour vous, quelle serait donc l’approche idéale de ce devoir citoyen ?
V.H. : Je parle en tant que technicienne et surtout en tant que citoyenne qui défend l’environnement. Il est essentiel que nous obtenions des résultats tangibles dans les actions que nous mettons en œuvre. Le reboisement s’inscrit sur le long terme. L’acte en lui-même est certes important, mais le résultat sur la durée importe également. L’espèce qui a été plantée doit pouvoir survivre. La mise en terre est essentielle, mais l’impact l’est également, tout comme l’utilisation de l’arbre à travers une gestion durable, car c’est une ressource naturelle tarissable. Ainsi, un plan de gestion est à
vulgariser.