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Lalaina Randriarimanana : « Les jeunes n’ont pas assez de repères par rapportà leur participation dans la vie publique »

InterviewsLalaina Randriarimanana : « Les jeunes n’ont pas assez de repères par rapportà leur participation dans la vie publique »

« D’abord, on va définir ce que sont les jeunes. D’après la politique nationale de la jeunesse, les jeunes sont “des personnes qui ont entre 15 et 35 ans”. Quand on parle de jeunes âgés de 15 à 18 ans, il n’y a pas vraiment de plateforme au sein de laquelle ils peuvent participer dans les prises de décision. Le ministère de la Jeunesse a essayé de mettre en place le Parlement des jeunes mais il n’est pas opérationnel. Même le processus de mise en place de cette structure a suscité un débat. Elle était considérée comme insuffisamment inclusive. 

(…) Les jeunes ne sont pas encore prêts à l’âge de 21 ans. Ils ne sont pas déterminés à devenir candidats à la mairie ou même à devenir présidents de fokontany. Quand on parle de fokontany, il y a peu de jeunes qui s’intéressent à cette fonction. Cette dernière est considérée comme inhérente aux aînés, aux adultes. On peut dire que la participation des jeunes dans le processus décisionnel est encore très faible à Madagascar.

(…) Mon expérience dans le processus électoral remonte à 2013. À l’époque, peu de jeunes s’étaient intéressés au processus électoral, en guise d’illustration, en termes d’observation électorale. Le Comité national d’observation des élections (KMF/Cnoe) avait été très actif dans ce volet. Notre association, Liberty 32, avait commencé à sensibiliser en ayant en tête que les jeunes pouvaient aussi être acteurs de l’élection, en tant qu’observateurs électoraux ou en tant que candidats. Je pense qu’il y a quand même une évolution de la participation des jeunes. Aujourd’hui, nous les voyons, ils sont actifs dans l’éducation électorale et l’éducation des électeurs. Cette approche “des jeunes pour les jeunes” est surtout concentrée au niveau urbain, peut-être à cause des plateformes et des espaces numériques qui y sont légion. 

Malheureusement, au niveau rural, les jeunes ne savent pas vraiment pourquoi participer aux élections. Qu’est-ce que le processus électoral ? Parfois, nous nous limitons au jour J de l’élection alors que c’est un processus. (…) Il faut multiplier les initiatives pour qu’il y ait vraiment la participation des jeunes dans toutes les initiatives sur le processus électoral. 

Pour favoriser la participation des jeunes, il faut prioriser l’éducation civique au niveau des écoles. Quand nous sommes jeunes, nous fréquentons beaucoup les établissements scolaires. Nous y acquérons des valeurs. Ainsi, il est primordial d’y améliorer le contenu de l’éducation citoyenne et de l’éducation civique. Je pense que dans tous les établissements scolaires, ce volet de l’engagement civique et citoyen doit être intégré. Il est essentiel de soutenir la participation des jeunes dans la vie publique, parce qu’ils n’ont pas assez de repères. (…).

La société civile est un chantier très large. Il y a une diversité de causes en son sein : le changement climatique, l’environnement, l’éducation, la santé… Nous notons un élargissement de l’engagement des jeunes dans la société civile, mais nous avons davantage besoin que leur voix se fasse entendre. Des membres de la société civile prennent position par rapport à des secteurs dans lesquels peu de jeunes évoluent. Les associations, les plateformes, les groupes informels de jeunes qui se créent constituent des opportunités d’engagement. Il nous faut beaucoup plus de voix de jeunes en tant que porte-paroles de la société civile en général, selon le centre d’intérêt de chacun. »

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