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Les vazimba, les premiers migrants austronésiens aux VII-VIIIe siècles

PortraitsLes vazimba, les premiers migrants austronésiens aux VII-VIIIe siècles

La brume des contes et légendes se dissipe devant les progrès des recherches scientifiques qui utilisent désormais la palynologie, la génétique (analyse ADN et ARN sur les plantes sauvages et cultivées), et l’archéologie (qui permet la découverte de restes macrofossiles ou microfossiles). Les techniques d’analyse des restes fossiles combinent aujourd’hui spectroscopie, chromatographie et électrophorèse.

Une conjugaison de l’ethnographie, de l’archéobotanique ou de la climatologie restreint encore davantage le champ de l’angano. Mot à malentendus, Vazimba est d’origine bantoue, qu’utilisaient les Swahilis, pour désigner les populations de l’intérieur des terres, en Afrique, vivant de manière fruste. Une population austronésienne de l’intérieur, appelée par un nom bantou (Vazimba) par des Swahilis, qu’à leur tour, les Austronésiens désignent par un nom indonésien (Anta-laotra, gens-d’outre-mer, de l’indonésien «laut», la mer). 

Utilisé à Madagascar à partir du XVe siècle par ces marchands «Antalaotra» qui, en empruntant la route du Nord-Ouest, vinrent commercer sur les Hautes Terres en remontant le cours des rivières entre la côte occidentale (Kingany à l’embouchure du Betsiboka, Langany sur la rivière Sofia: mise à sac ultérieurement, en 1506, par les Portugais) et l’Imerina. Avec leur doublet caractéristique (Andrianizinizina, Andriandravindravina, Razevozevo, Andriandrokaroka, Andrianoranorana, Andrianerinerina), les patronymes des princes Vazimba sont étonnamment austronésiens pour des populations que les Zafiraminia (des Indonésiens ultérieurs de Sumatra et de Java, «Zavaka»), arrivés sept siècles après eux au XIIIe siècle, vont nanifier et défigurer pour mieux les dévaloriser avant de les supplanter.

L’analyse linguistique et les données ethnographiques montrent que les locuteurs de Barito Sudest (île de Kalimantan/Bornéo), de la vague initiale de migration indonésienne qui atteint en premier lieu les Comores, vers 500-700 après J.-C., apportent deux plantes alimentaires (la grande igname, ovy et le riz, vary), une «plante providentielle» aux multiples usages (le cocotier, voanio) et une plante à double usage médical ou magico-religieux (le safran d’Inde, tamotamo). Les premiers habitants, de la côte Est et des Hautes Terres, cultiveront ultérieurement des «plantes noires» (taro, saonjo, bananier, akondro/fontsy et gingembre, sakamalao/sakarivo/sakaviro) par opposition à la «plante blanche» par excellence, le riz divinisé par les Zafiraminia. 

Bien plus tôt, circa 2200 BP (NDLR : 4150 avant J.C.) au lac Tritrivakely et vers 500 après J.C. au lac Kavitaha d’Itasy, du pollen de cannabis, l’une des plantes les plus anciennement cultivées par l’humanité (peut-être dès le VIIe millénaire avant J.C.), a été détecté. Originaire de l’Asie centrale ou/et de l’Asie orientale, le chanvre est également utile pour ses fibres. Le ricin, source d’huile comestible, est identifié à partir du VIIIe siècle, toujours près du lac Itasy. Alors que les Vazimba sont nanifiés en pygmées, les migrations Zafiraminia sont géantifiées à travers les Rapeto, Rasoalao et Darafify. Pourtant, Andriamanelo (XVIe siècle), le premier Roi des temps Andriana est bien présenté comme petit-fils et fils de deux princesses Vazimba, Rangita et Rafohy d’Alasora.

Les temps Vazimba correspondent à la période dite protohistorique. Sans préjudice de l’existence d’une société déjà hiérarchisée, dominée par l’aristocratie Antehiroka qui conservera ses privilèges princiers jusqu’à la date de péremption des sept générations (au-delà des «zana-doria»), qui intervient sous le règne de Ranavalona 1ère (1828).

Vanf

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