Le monde est proche d’un point de non-retour. Des pays insulaires sont appelés à disparaître si le niveau de réchauffement climatique n’est pas maintenu.
«Nous ne resterons pas les bras croisés alors que l’eau monte autour de nous ». En 2022, le ministre des Affaires étrangères de l’archipel des Tuvalu, Simon Kofé, avait tenu un discours qui avait frappé les esprits, notamment dans sa dramaturgie et dans sa mise en scène. Il avait les pieds dans l’eau afin de chercher à interpeller les dirigeants du monde entier sur les conséquences du réchauffement climatique.
En effet, l’archipel des Tuvalu, ce petit pays des îles Pacifique, est menacé par la montée des océans, comme des milliers d’autres îles dans le monde..
Scénarios de référence
Les territoires insulaires sont en première ligne des effets du réchauffement climatique. Les villes des littoraux malgaches, comme Morondava, en sont les témoins privilégiés. En général, les îles de l’océan Indien sont en danger. La zone de l’indianocéanie est la troisième région du monde la plus exposée aux risques naturels. La dernière saison cyclonique en donne un aperçu.
La Grande île a été traversée par six cyclones qui ont engendré des pertes humaines et matérielles importantes. « Sur les trente dernières, on estime les pertes économiques liées aux effets du dérèglement climatique à plus de 17 milliards de dollars », note la Commission de l’océan Indien (COI), une organisation regroupant les îles du bassin sud-ouest de l’océan Indien.
L’organisation régionale était présente à Charm-el-Sheikh, lors de la Cop27 pour « faire valoir les besoins spécifiques des îles ». En effet, comme l’Afrique, les îles en développement sont des contributeurs minimes des émissions de gaz à effet de serre. Elles sont même marginales comptant pour moins de 1% du total des émissions entre 1960 et 2014. De nombreuses îles sont vouées à disparaitre, notamment dans le Pacifique. D’après des scénarios de référence du Département américain de la défense relatifs à la montée des eaux, par exemple, l’un des atolls des îles Marshall ainsi que des milliers d’autres îles, pourrait devenir inhabitable lorsque le niveau des eaux augmentera de 40 centimètres, un scénario probable dès 2050.
La menace posée par l’élévation du niveau de la mer est la pierre angulaire des négociations sur le changement climatique, la question principale mise en avant par les petits États insulaires en développement (PIED).
Scénarios de référence
« L’investissement, c’est maintenant qu’il faut le consentir. Il y a urgence ! », avait insisté Pr Vêlayoudom Marimoutou, le secrétaire général de la Commission de l’océan Indien. L’organisation a ardemment plaidé en faveur de l’accélération des actions concrètes notamment le respect des promesses pour s’adapter, des engagements pour accompagner les efforts et la délicate question des moyens pour permettre aux îles d’être résilientes.
Les îles d’Afrique, comme d’autres continents, subissent les dommages des dérèglements climatiques dont elles ne sont pas responsables. L’organisation régionale a également plaidé pour l’opérationnalisation du réseau de Santiago pour un mécanisme de financement des pertes et dommages, avec un fonds dédié. Ce sujet a été au cœur de la Cop27.
Pendant que les pays les plus pollueurs jouent avec le climat, le niveau des eaux monte, résultat du réchauffement des mers et de la fonte des glaces au Groenland et en Antarctique. Selon des études, les inondations rendront certaines zones inhabitables bien avant que les mers ne s’en emparent définitivement. D’où la nécessité pour les îles de bénéficier d’un traitement différencié et d’une attention particulière.
« Dans tous nos pays d’Afrique, il faut former la jeunesse, offrir des opportunités d’emplois en phase avec les défis climatiques, énergétiques et environnementaux, les nouvelles tendances socioéconomiques et l’aspiration au bien-être de nos populations ; ou autrement dit, offrir des opportunités en phase avec le devenir du monde. Plus de 60% des métiers de demain n’existent pas aujourd’hui et il ne fait aucun doute que les “emplois climatiques” constitueront une part importante de ces métiers », avait sensibilisé le secrétaire général de la Commission de l’océan Indien.